Dakota Lakes research farm

Le 26 juin, a peine rentré de vacances, et comme la moisson n'était prévue pour les jours suivants je suis allé visiter la ferme de recherche de Dakota Lakes.
Cette ferme est situé à Pierre, dans le Dakota du Sud .(2 Etats au nord du Kansas, sur la highway 83) Elle appartient à un comité de farmer et à l'université de Brookings.

La ferme couvre 388acres soit 157ha. Les cultures sont diverses avec du maïs grain, du soja, des pois, de la lentille, du blé d'hiver, des "pinto beans", de la gesce, du sorgho, de la caméline et du switchgrass (une plante pour faire de la biomasse).

La ferme est dirigée par Dwayne Beck, qui travaille avec Gary Waack, John Hicks et Jim Magelky (qui touche en mécanique).

Les expérimentations tournent toutes autour du semis direct. Le challenge est de mettre une culture tous les ans sans travailler le sol. Traditionnellement dans le midwest le blé était cultivé une année puis suivait une année de jachère "travaillée"c'est à dire que les agriculteurs travaillent le sol 6 à 8fois pour faire lever les adventices et les détruire.
Cette façon de cultiver est peu rentable, énergivore et favorise l'érosion éolienne, les fameux "dust bowl", les nuages de poussière.
Les farmers veulent donc s'orienter vers le semis direct car cette façon de cultiver a plusieurs avantages (pour eux et pour TOUS les farmers):
- elle consomme peu d'énergie car on ne travaille plus le sol du tout (vous l'avez vu la ferme du Kansas n'a que 3tracteurs pour cultiver 6000ha !!!)
- elle conserve des résidus à la surface du sol qui vont aider à garder l'humidité du sol, vont favoriser la vie biologique (vers de terre et autres petites bêtes qui nous sont favorables), et ainsi stopper l'érosion
- elle va permettre de mettre une culture chaque année, l'humidité du sol étant plus importante.
- les résidus des cultures vont se dégrader à la surface du sol comme dans un compost. La surface du sol s'assombrit et devient "grumeleuse", on crée ainsi un parfait lit de semence sans aucun outil !

Le problème majeur de cette technique est que le fonctionnement du sol est différent de lorsqu'on travaille le sol. Il faut alors changer ses méthodes de cultures. Cela nécessite également de nouveaux outils. Pour avoir des conseils adaptés à leurs problèmatiques et à leur environnement des farmers ont donc décidé de mettre en place cette ferme.

Actuellement Dwayne axe la majeur partie de ses recherches sur les rotations. Quelle succession de culture peut être intéressante économiquement et agronomiquement ?
Exemple de rotation mise en place :
- Maïs - Maïs - Légumineuse (soja, pois, pinto beans ) - Blé d'hiver (parfois un autre blé ensuite )- Camelina
- Blé d'hiver - Blé de printemp - Maïs - Maïs - Pois- Pois
- Maïs - Pois - Blé - Pois

Les deux premières rotations ont en commun une "doublette" qui permet réellement de casser le cycle des ravageurs et des mauvaises herbes, en anglais Dwayne appelle ça le "magic tool". En théorie il ne faudrait pas revenir avec la même culture avant 2ans, par exemple pas de blé-pois-blé car le stock d'adventices n'a pas le temps de s'épuiser (cela dépend de chaque espèce )
Les légumineuses apportent de l'azote dans le sol sans entamer la marge globale de la rotation car l'apport d'azote a un prix, celui de plus en plus élevé des engrais azoté !

La caméline d'hiver apporte une touche de diversité, et se comporte mieux que le colza, elle est destinée à la production de biodiesel.

Tous les blés de l'exploitation sont récoltés au stripper, cette barre de coupe qui ne récolte que les épis. Le stripper est fabriquée par Shelbourne Reynolds (beaucoups d'infos et de photos sur leur site )
Voilà ce que ça donne quand Dwayne règle le stripper aux petits oignons :Il n'y a pratiquement que les grains qui passent dans la batteuse !
La paille laissée droite protège trés bien le sol pendant l'hiver et permet de capter plus de neige (trés important dans cette région où les pluies sont rares). Vous voyez qu'elle est haute, personne n'utilise de racourcisseur ici !

Un couvert est ensuite semé, avec le semoir argentin "Avec". Le semoir couche trés peu les pailles c'est assez surprenant (moins qu'un JD 750A ) mais il a des pneus à chaque extrémité comme un Semeato donc ça couche tout de même assez fort à quelques endroits : (vive le traffic contrôlé! )
Ici un mélange de diverses plantes avant maïs : un reste de pinto beans, des pois, de la navette, de la caméline...
Malgré le climat sec et la terre de merde (c'est du chien !) le couvert lève tranquillement, avec le semis direct l'eau rentre mieux dans le sol grâce aux racines et aux galeries de vers de terre mais elle remonte également mieux ! surtout qu'ici les pailles créent un microclimat plus "cool".

Voici le semoir argentin :
Déniché par Dwayne dans sa quête d'un semoir plus idéal que ce qu'il connaissait, il recèle quelques particularités :
- les éléments suivent le terrain grâce à une suspension air/huile, contrairement à un ressort la pression reste constante sur chaque élément et permet de suivre le terrain sans sauter,même sur terrain trés irrégulier (vu de mes yeux vu mais pas en photo, désolé!)
- les éléments forment en fait plusieurs balanciers, l'élément "roule" complètement sur les irrégularités de terrains, au lieu de sautiller comme il peut le faire avec un parallélogramme suspendu avec des ressorts:
Sur cette photo on voit bien le balancier au milieu. La roulette blanche rappuie la graine dans le sillon ouvert par les deux disques, un disque ouvreur est habituellement monté à l'avant (il était monté sur un autre semoir à ce moment là). La roue de fermeture est une expé de Dwayne, c'est un disque pour placer de l'engrais dans la ligne de semis.

Les roues de fermeture standard sont celles là :

Elles sont proches de celles utilisées sur le semoir Bertini. A l'origine ce ne sont que des roues en caoutchouc et Dwayne leur a ajouté un disque spécialement découpé
Voilà pour le semoir AVEC ;-)

A noter que Dwayne est en train de faire construire un proto par Agrosoyuz en Ukraine car la largeur de 3mètres est trop juste pour lui.

Tout ça c'est trés intéressant, mais ce que vous ne savez pas (ou pas tous ) c'est qu'au milieu du maïs, des rotations, des couverts, il y a une stagiaire française, incroyable, non ? Diane est en 2ème année d'ingénieur à l'ex INA (Agroparitech maintenant) et fais un stage de 6mois sur la ferme. Elle travaille sur la chrysomèle du maïs car il faut savoir que Dwayne n'a pas ou trés peu de dégâts alors que ces voisins en ont. Diane mène donc des expé pour savoir le pourquoi du comment, trouver LA solution, et mettre par terre les fabricants d'OGM et devenir célèbre... bon elle n'en est pas encore là mais en attendant aller faire un tour sur son blog, vous en apprendrez un peu plus !